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Maroc-Espagne : les flux commerciaux devraient doubler en 2025

Après plusieurs reports, la visite du Roi Felipe d’Espagne aura lieu du 13 au 14 février au Maroc. La forte délégation d’hommes d’affaires qui l’accompagne devrait signer plusieurs accords d’investissements et de commerce qui renforceront les échanges avec l’Espagne devenue depuis 2013, le premier partenaire commercial du Royaume. Selon la CGEM, la dynamique actuelle permettra de faire passer en 2025 les flux commerciaux de 12 milliards d’euros à 24 milliards d’euros.

Séparés d’un court bras de mer de 13 kilomètres, le Maroc et l’Espagne commencent à capitaliser sur leur proximité géographique sachant que depuis l’indépendance, c’est la France qui a toujours joué les premiers rôles avec le Royaume en matière de commerce et d’investissements.

Ce n’est en effet qu’à partir de 2013 que les échanges commerciaux entre les deux pays ont dépassé ceux réalisés avec la France.

Devenue le principal partenaire commercial du Maroc, l’Espagne n’a cessé depuis de confirmer sa position de premier client et de premier fournisseur du Royaume, même si le voisin ibérique est toujours loin derrière la France en termes d’investissements directs étrangers (IDE).

La visite officielle du Roi Felipe qui arrivera mercredi 13 février en début d’après-midi devrait permettre de renforcer le commerce et l’investissements ibérique au Maroc.

264 milliards de dirhams d’échanges commerciaux prévus en 2025

Grâce à sa proximité géographique et à l’accord de libre-échange entre le Maroc et l’Union européenne, l’Espagne occupe, selon la CGEM et le rapport 2017 de l’Office des changes consacré au commerce extérieur du Maroc, une place de plus en plus prépondérante dans le commerce extérieur du Maroc.

Si les chiffres finaux des échanges bilatéraux de 2018 ne sont pas encore disponibles, l’Espagne était jusqu’en 2017 le premier partenaire commercial du Maroc pour la cinquième année consécutive.

En 2017, les flux commerciaux Maroc-Espagne se sont établis à 12 milliards d’euros, soit 132 MMDH contre 108,7 MMDH avec la France.

Les flux sont composés de 58,881 MMDH d’exportations vers l’Espagne et de 73,787 MMDH d’importations en provenance d’Espagne avec un solde négatif de 14,906 MMDH.

Il faut préciser que les échanges commerciaux entre les deux pays ont doublé au cours des six dernières années, affichant des taux de croissance annuels supérieurs à 10% depuis 2011, selon la CGEM.

Ainsi, entre 2016 et 2017, les flux commerciaux bilatéraux ont progressé de 15,5 MMDH après une hausse de 5,9 MMDH des exportations marocaines et de 9,5 des importations espagnoles.

Contacté par Médias24, un membre de la CGEM estime que les flux commerciaux doubleront dans les 5 années. En d’autres termes, le volume des échanges devrait atteindre 24 milliards d’euros en 2025, soit 264 MMDH contre 132 actuellement.

Selon notre source, la nouvelle visite du souverain espagnol ne fait que confirmer l’excellence des relations bilatérales sachant qu’elle a été précédée par celles de nombreuses personnalités des deux pays comme celles du chef du gouvernement espagnol ainsi que celle du Roi Felipe en 2014.

Le Maroc, 1er partenaire commercial africain d’Espagne

Depuis six ans, le Royaume est devenu le premier partenaire commercial de l’Espagne sur le continent africain et le deuxième dans le monde en dehors des 28 pays de l’Union européenne.

Pour le Maroc, le voisin ibérique est le 1er client et le 1er fournisseur. Pour l’Espagne, le Royaume est le deuxième client hors UE (après les USA) et le 9ème fournisseur.

Les importations du Maroc depuis l’Espagne représentent 26% des importations marocaines depuis l’Europe et 17% de l’ensemble des importations.

L’Espagne est le 4ème fournisseur de gaz de pétrole du Maroc (1,5 MMDH), le 1er de gas oil et de fuel oil (8,6 MMDH), le 1er d’huile de soja (1,321 MMDH) le 2ème de matières plastiques (1,836 MMDH), le 1er de produits de coupure de circuits électriques (3,4 MMDH), le 2ème de voitures de tourisme (2,432 MMDH) et le 1er de tissus (1,7 MMDH) …

En parallèle, l’Espagne capte 33% des exportations marocaines vers l’Europe et 24% de toutes ses exportations vers le monde.

L’Espagne est le 1er client des produits de la mer (5,713 MMDH), le 3èmede tomates fraiches (332 MDH), le 1er d’engrais (1 MMDH), le 3èmed’acide phosphorique (607 MDH), le 1er de fils et câbles électriques (10,549 MMDH), le 2ème de voitures (3,3), 1er client d’articles de bonneterie (2,556 MMDH), 1er de vêtements (14, 078 MMDH) …

Sachant que le taux de couverture des importations par les exportations est passé de 170% en faveur de l’Espagne en 2012 à 122% en 2016les relations commerciales tendent donc d’année en année vers un équilibre et une complémentarité entre les deux voisins.

Pour la CGEM, «c’est devenu possible car les relations profitent des avantages comparatifs de chaque pays pour s’intégrer d’une façon flexible à une chaine de valeur globale dans des secteurs comme l’automobile ou le textile, en renforçant la compétitivité et la création de richesse dans les deux pays.

Un tissu de 1.046 sociétés espagnoles installées au Maroc

En ce qui concerne la présence des entreprises ibériques, le Maroc est le pays africain avec le plus grand nombre d’entreprises espagnoles installées.

La CGEM a recensé 600 entreprises ayant plus de 10% du capital détenus par des espagnols et 446 filiales d’entreprises espagnoles avec plus du 51% de participation.

Ce tissu entrepreneurial est essentiellement constitué de PME installées dans une coopération de nature bottom-up (bas en haut), en favorisant l’échange des expériences et les bonnes pratiques.

Pour les investissements directs étrangers (IDE), le Maroc est la première destination de l’investissement espagnol en Afrique avec un tiers de l’investissement ibérique dans le continent.

Sachant que l’Espagne a, en 2017, un stock de 50 MMDH d’IDE, c’est donc le troisième investisseur au Maroc (après la France et les Emirats Arabes Unis).

En termes de maillage, les entreprises espagnoles sont présentes sur tout le territoire marocain avec des projets aussi emblématiques que la construction d’une partie de la centrale thermo solaire Noor Ouarzazate.

Ainsi, la première phase de la centrale a été construite entièrement par des entreprises espagnoles (Noor I) à Ouarzazate, et la technologie espagnole (Sener) est présente dans les phases I, II et III.

C’est également le cas de la société Abengoa qui a décroché en 2017 et pour une durée de 27 années, le contrat de construction et de gestion de la plus grande usine de dessalement du monde destinée à un usage mixte pour fournir de l’eau potable et pour l’irrigation.

Dans le cadre des investissements espagnols, il faut mentionner l’implantation de Siemens-Gamesa à Tanger pour fabriquer des pales éoliennes (investissement de 100 M€ et 700 emplois directs crées).

A la lumière de ces éléments, le Maroc offre donc plusieurs opportunités d’investissement dans les secteurs industriels comme celui des énergies renouvelables et du traitement de l’eau.

Selon notre interlocuteur de la CGEM, d’autres opportunités d’investissement dans les transports, les services d’ingénierie et le tourisme seront certainement discutés lors de la visite royale.

Hormis les questions liées à l’amélioration du commerce et de l’investissement espagnols au Maroc qui seront traitées par les hommes d’affaires des deux pays, les discussions politiques porteront certainement aussi sur la lutte contre le terrorisme et contre le trafic de stupéfiants et de migrants.